Jardin

Des pivoines de tes joues

Aux roses de tes lèvres

Des tulipes de ta gorge

Aux lys de tes pieds

Des violettes de ton cœur

Aux coquelicots de tes reins

Tu es le jardin des martyrs

Des poètes, des satyres.

*

Bruissant d’insectes colorés

Et du vent printanier.

*

Tu es l’anastase, fleurissant

En bouquets couleur de sang.

Canto d’Eros X

Au fond de ses yeux, Orion

En nuances rouges et pourprées;

Sous ses doigts l’harmonie

Et la cérémonie

Sur ses lèvres dorées

Raisonnant en horions.

*

Elle peint ses étreintes

Et ses baisers de douleur :

Il y a des larmes, dans l’eau

Et la peinture, halos,

Souvenirs de chaleur

Et de femmes peintes.

*

Je n’ose écrire le « Tu »

En parlant d’elle, avalanche

De verbe, de vers, poème

Caché de Dante dans le chreme

De ses seins et des hanches

A peine dévêtus.

*

Je voudrais boire à son cœur de nuage

L’orage des Dieux de l’Orient, le sang

Rédempteur qui crie dans le soir éblouissant

Pour le Pauvre et la Femme sans âge.

*

Son regard a l’odeur du cerisier

Qui transforme en poussière l’Eternité

Sous les sabots que portent les alizées

Jusqu’au fond de son jardin sombre et fruité.

La mort de Charles Baudelaire

Long est le Styx de pavés qui lie Namur

A Paris : infernal fleuve, tu fis d’Achille

Le furieux un Dieu; aujourd’hui, un fils d’Eschyle

Rejoint l’Olympe sous son armure.

*

L’Aède n’est plus tout à fait lui-même :

Visage et verbe faible; c’est la syphilis,

Las! Le mal des bordels, en un mot le calice

Des pécheurs, du dandy de Bohème.

*

Les jours passent dans la maison de santé,

Dans la chaleur parisienne : Baudelaire attend.

Et au loin, énorme, tel un Leviathan,

La gueule de l’oubli s’ouvre, démesurée.

*

Pâle, chauve et maigre, couvert de fourrures

Le poète s’est fait vautour, blessé

A l’aile, prince des déchues nuées

Plongeant toujours plus loin vers la Déchirure.

*

Août entraîne dans son pourpre crépuscule

Le pauvre Charles : déjà Séraphins, Puissances

Et la Hiérarchie céleste en abondance

Soulève son âme minuscule.

*

Et sur Terre ? Paris continue de bien vivre

De rire, de mourir et de puer; le corps

Du poète, carcasse infâme pue : c’est la mort,

Avec ses insectes qui se moquent des livres !

*

Il ira bientôt rejoindre ossements

Blanchis, la terre dont il était au Début

Parmi les notables, les épiciers, les rebuts

Avec son beau père, oh l’infâme ressentiment !

*

On a aussi élevé un cenotaphe

Pour le prince des poètes, qui veille, gargouille

Qui sous le lierre veille sur les dépouilles,

Dormant au froid réconfort de leurs épitaphes.

Le ghazal des yeux noirs

Au fond de la nuit orientale tes yeux noirs

Et tes seins attendent mes fébriles caresses

/et ma bouche vermeille

J’ai attendu brûlant et suant jusqu’à ce soir

Saoul de mes poèmes et de tes promesses

/et ma bouche vermeille

*

Une fenêtre luit, tu attends mes mains

Des baisers sur tes pieds et tes hanches

/et ma bouche vermeille

En une étreinte qui dure jusqu’à demain

/et ma bouche vermeille

C’est beau une fille le matin

Quand elle s’éveille, étirant aux pâles lueurs

D’un soleil maussade d’hiver perché aux toits

De Paris encor endormi, je reste pantois

Devant la grâce qu’envient les oiseaux piailleurs.

*

C’est beau une fille le matin, comme un calvaire,

Un champ de bataille au-dessus duquel planent, en cercles

Majestueux, les corbeaux sous le vent d’hiver,

Anges psychopompes sous le gris couvercle.

*

C’est beau une fille le matin, comme les champs

De blé blond d’Ukraine qui dorent sous l’azur,

Qui regarde par le carreau le jour approchant

Avecque affolement et démesure.

*

C’est beau une fille le matin, portant encore

Pudiquement ses vêtements de nuit, ceux-là

Même qu’elle ôtera sitôt l’aurore

Dissipée dans le froid bleu et blanc au dehors.

*

C’est beau une fille le matin, toute pressée,

Avalant un bol de thé chinois et un agrume,

Qui ferme ses chaussures, silhouette baissée,

Et puis s’élance dans les grisâtres brumes.

 

La Pivoine Blanche

Charmant petit hôtel bourgeois à la fin des années 1840, « la Pivoine Blanche » était à présent un endroit abandonné et presque triste, entre un bureau de tabac et une galerie d’art rarement ouverte. Dans ce quartier peu touristique de Paris, la concurrence était rude, et il était en réalité devenu un endroit connu des amours interdites, prostituées avec leurs clients, amants d’un soir, ou autres.

Et depuis plus de quarante ans, Roger en était l’infatigable, serviable et docile gérant. Bien que sa vue et son dos commençaient à le trahir et à le faire grandement souffrir, notamment les soirs de pluie, il était là, fidèle au poste et discret, fournissant à ces amants d’un soir ou de quelques heures une chambre propre et modeste. Il mettait un point d’honneur à fournir des draps propres, de l’eau fraîche et évidemment un bouquet de pivoines blanches sur la table de chaque chambre, qu’il allait acheter tous les matins au marché, auprès de madame Montsourd.

Voyant son âge et sa fatigue avancer, Roger prit un jour la décision d’embaucher quelqu’un pour l’assister. Il disposait déjà d’une femme de ménage, mais il lui fallait quelqu’un pour aller au marché, réceptionner les clients, en un mot, le soutenir. Il passa donc une petite annonce, dans le Parisien (comment aurait-il eu l’idée d’utiliser internet !) : « Ch. employé hôtel. Paris. Travail de nuit deux soirs à prévoir. Envoyez CV & lettre de motivation au … ».

Il attendit plusieurs semaines, avant que quelqu’un ne se manifeste ; un CV d’une étudiante d’une vingtaine d’années, Sarah, accompagnée d’une lettre de motivation rédigée ainsi :

Moulinier Sarah

8 rue des Plantes
75014 Paris
0689….
sarah.moulinier@gmail.com

Paris, le ….

Monsieur,
Actuellement à la recherche d’un emploi dans le domaine de l’hôtellerie, je sollicite aujourd’hui votre bienveillance afin de m’accueillir au sein de vos équipes.
Titulaire du diplôme d’un BTS tourisme, j’ai pu acquérir au cours de mon parcours professionnel et personnel le goût du travail d’équipe, la discrétion, la réactivité que je crois nécessaires à ce type de poste.
Je suis disponible immédiatement pour toute question complémentaire.
Dans l’attente d’une réponse favorable, je vous prie d’agréer, monsieur, l’expression de mes respectueuses salutations,

Sarah Moulinier

Réajustant ses lunettes, Roger relut la lettre. Il sembla la sentir, la parcourir, pour sentir non pas les capacités de Sarah, qui semblaient largement suffisantes pour quelque chose de si modeste et de si simple que de tenir son petit hôtel, mais plutôt pour sonder son âme. C’est également ce qu’il tenta de voir à travers la photo d’identité qu’elle avait jointe à son CV. Il s’agissait d’une ravissante jeune fille, brune, avec des lunettes rondes immenses, qui semblaient légèrement trop grandes, un peu comme les yeux d’une chouette. Elle avait des yeux bleus pâle, et le nez légèrement de travers, ce qui ajoutait un certain charme à son visage.

Il décida de l’appeler pour le lendemain, qui était justement un jeudi. Au téléphone, elle avait une voix douce et un peu grave. Rendez vous fut prit pour dix heures et demi à la Pivoine Blanche.

****

Sarah était à l’heure, mais très angoissée, comme toujours. Elle s’était levée au moins trois heures en avance, afin de prendre une douche, de bien choisir ses vêtements, ses chaussures, sa coiffure, et jusqu’à ses sous-vêtements; pourquoi, elle n’en avait aucune idée. Elle avait opté pour une robe d’été bleue avec des coquelicots, et avait prit le temps de coiffer ses longs cheveux en chignon, ce qui avait été sans nul doute la partie la plus longue de sa préparation, vu ce que sa mère appelait avec tendresse ses « deux mains gauches ». Elle portait de légers talons, pas trop hauts afin que son futur patron ne se méprenne pas sur ses intentions.

Mais comme d’habitude, elle était très en avance. Cela faisait aussi parti de ses habitudes et de ses angoisses : elle avait une peur panique d’être en retard. Elle s’allongea donc sur son lit, fixant le plafond et s’assoupissant légèrement. Il faisait doux par la fenêtre légèrement ouverte. Juin était là. Sans qu’elle ne comprenne vraiment pourquoi, Sarah commença à caresser son ventre d’une main, à travers le tissu fin de sa robe. Et de l’autre, elle se mit à effleurer sa poitrine. Elle sentait une grande chaleur, une grande douceur qui irradiait son ventre, comme un petit animal, tandis que ses battements cardiaques accéléraient. Sarah avait envie, de façon sourde, primitive, crue et animale, de faire l’amour. Continuant de caresser ses seins, elle ignora la mince robe, passant sa main en dessous. Ses doigts minces et fébriles se mirent à parcourir avec difficulté le haut de sa poitrine gorgée de désir, gênée en cela par l’armature du soutien-gorge. Ses doigts allaient lentement, de haut en bas, suivant ses lèvres, à travers le mince tissu blanc, sur lequel elle appuyait de plus en plus pour rentrer peu à peu ses doigts dans cette fente, cet abricot tendre et humide de désir. Elle n’en pouvait plus : glissant deux doigts sous le coton, elle se mit à se caresser à même la peau, reprenant le même mouvement, doux, tendre, et animal. Elle soupirait en rentrant un, puis deux doigts en elle qui allaient de plus en plus loin tandis que les doigts de son autre main pinçaient ses tétons durcis par l’excitation. Bientôt, ses gestes devinrent comme le flux et le reflux de la mer sur la plage, de longs vas et viens en elle, lui arrachant des soupirs, des gémissements et bientôt de petits cris à peine étouffés. Elle était à présent trempée, et dégoulinait le long de ses cuisses, sur sa culotte, et sur ses draps. Elle imaginait des choses qu’elle même n’avait jamais faites, pensait à des anciens amants, ses premières amours, le serveur du bar où elle était allée samedi avec son amie Lucie. Elle se tourna sur le ventre, mordant son oreiller à pleines dents, et hurla en silence dans une jouissance qu’elle n’avait pas connu depuis longtemps. Puis elle tomba sur le côté, en position fœtale, une main dans ses cheveux, les seins en dehors de sa robe dégrafée et l’autre caressant encore mollement ses grandes lèvres et ses poils pubiens trempés. Elle haletait, toute ébaubie de ce qu’elle venait de vivre. Cherchant son téléphone à tâtons dans son sac à mains, elle vit qu’il était l’heure de partir. Elle remonta sa culotte, se recoiffa à la hâte et reboutonna sa robe.

Filant jusqu’à la station de métro, elle eut un petit sourire en pensant aux personnes qui ignoraient totalement ce qu’elle venait de faire et de vivre dans l’intimité de son petit studio.

Dans le métro, elle écoutait de la musique sur son smartphone, toujours la même chose pour faire passer le stress: Led Zeppelin. Accrochée à la barre, elle était dans son monde et le cocktail musique et masturbation eut tôt fait de la calmer. Une fois arrivée, elle était totalement apaisée. L’hôtel « la Pivoine Blanche » la déçut au premier abord : il s’agissait d’un petit établissement certes non dénué de charme, mais vieillot, sans luxe, et qui semblait être, pour tout dire, un hôtel de passe. Des tonnes d’images et d’idées se bousculèrent dans la tête de Sarah. Elle eut un petit rire qu’elle réprima en entrant. Un petit vestibule qui semblait ne pas avoir bougé dans son décor depuis près d’un demi siècle l’accueillit. Il y avait là une petite table, deux fauteuils, une lampe en fer forgé, et évidemment le comptoir de l’accueil, derrière lequel se trouvait monsieur Lampaz, dit Roger, vieil homme d’une bonne soixantaine d’années. Le dos courbé, les cheveux gris, il avait sur le nez de petites lunettes à montures d’acier. Il avait un gilet un peu râpé, de grosses mains, et un sourire affable. « Bonjour monsieur, je suis Sarah Moulinier, je viens pour l’annonce. On avait rendez-vous à dix heures, je crois ». Levant les yeux de son livre de comptes, il répondit : « Oui bien sûr, bienvenue mademoiselle. Suivez-moi je vous prie ! ». Il l’entraîna à sa suite dans une petite pièce derrière le comptoir. Elle était elle aussi chichement meublée; une table, deux chaises, un papier peint ancien, un vieux poêle sur lequel dormait une casserole d’eau. Il l’invita à s’asseoir, et tira une chaise pour lui-même sur laquelle il s’effondra presque, avec lourdeur et fatigue. « Alors mademoiselle Moulinier, dites moi donc pourquoi vous voulez venir dans un endroit aussi vieux et aussi démodé ? » demanda Roger comme en s’excusant, avec un faible sourire. Presque mécaniquement, elle répondit qu’elle avait suivi une formation d’hôtellerie et qu’il lui semblait que « la Pivoine Blanche » répondait à ses critères pour une première « vraie » expérience. Tout en l’écoutant, Roger alluma une cigarette, une gitane sans filtre, à l’aide d’une allumette qu’il tira d’un étui en métal noirci. Après que sa jeune interlocutrice eut fini, il la regarda et soupira : « Je ne vais pas vous mentir, cet endroit est un peu spécial. Il s’agit d’un vieil hôtel bourgeois du XIX ème siècle, et ma clientèle est en général plutôt inhabituelle. »

_ C’est-à-dire ?

_ Des couples adultérins, des jeunes qui cherchent un endroit tranquille pour faire leur première fois, des prostituées qui viennent avec ou sans leurs clients, ce genre de choses.

_ Je vois. Je suis discrète, vous savez. Du moment que je suis payée, je ne cause de torts à personne.

_ C’est très bien. Je pense qu’il faut que je vous réexplique ce que vous aurez à faire ici, d’accord ? Il y a tout d’abord l’accueil, vous connaissez ce genre de chose. Comme vous ‘l’avez compris, cet établissement exige un degré de discrétion supplémentaire. De plus vous aurez une petite course à faire tous les matins. Il s’agit d’aller au marché acheter des pivoines blanches pour les clients. C’est la coutume d’ici, ma petite fantaisie, si j’ose dire.

Il avait prononcé ces mots avec beaucoup de tendresse dans la voix et dans les yeux, et Sarah elle-même, bien qu’un peu étonnée, ne put s’empêcher de sourire. Elle répondit : « Bien entendu ». Puis Roger se leva, alla à un buffet et en tira une liasse de papiers. C’était le contrat de travail de Sarah en deux exemplaires. Il remit ses lunettes, prit un stylo dans le même tiroir et se rassit avant de remplir et de cocher des lignes et des cases. Puis il le présenta à Sarah afin qu’elle le vérifie et le signe. Sarah lut attentivement chacune des clauses, comme sa mère le lui avait apprit. Non qu’elle fut suspicieuse, mais simplement prudente. Puis elle signa chacun des exemplaires et les remit à Roger afin qu’il les signe également. Il les signa, puis dit : « Je vous attends donc dès lundi à dix heures ici même ». Sarah sourit, se leva, et à l’invitation de Roger, sortit de l’hôtel, le cœur léger, à petites foulées heureuses.

****

Le lundi, à l’heure prévue, Sarah était à la Pivoine Blanche. Roger l’attendait. Il lui remit un porte-monnaie de cuir, avec comme instructions d’aller acheter les fameuses pivoines blanches. Le marché se situait deux rues plus loin. Elle prit le panier que lui avait donné Roger, et tout en se dirigeant vers le marché, elle avait l’impression d’être un personnage de roman provençal ou de série. Cela la fit un peu pouffer de rire. Elle entendit et sentit le marché avant de le voir : l’odeur des fruits et des légumes, des fleurs, des poissons, et de produits dont elle ne parvenait à identifier la provenance, les hauts cris des marchands cherchant à attirer le passant, les vendeurs de produits plus ou moins miracle, tout cet univers sonore si coloré la plongeait dans une profonde nostalgie.

Elle repéra bien vite l’étalage de la madame Montsourd, la fleuriste. C’était une grosse dame d’une soixantaine d’années, aux cheveux gris, aux yeux verts, et portant une grande blouse grise dans laquelle étaient rangés divers instruments, ciseaux, ruban, et qui avait gardé une agilité et une souplesse des mains rares, quand elle taillait et coupait les tiges et les bouquets. Sarah s’approcha d’elle et se présenta : « Bonjour madame, je m’appelle Sarah, je viens de la part de Roger. Je voudrais des pivoines blanches, je vous prie. » Madame Montsourd se mit à rire, ce qui déstabilisa un peu Sarah. Mais tout en piochant dans ses magnifiques pivoines elle lui répondit « Eh bien, enchantée, Sarah. J’imagine que ce pauvre Roger doit commencer à être fatigué, s’il commence à déléguer des tâches, et que nous serons amenés à nous revoir ». Les pivoines de la fleuristes étaient absolument magnifiques : elles étaient d’un blanc légèrement nacrées, et d’une rondeur tout juste irrégulière, un peu ouvertes, comme des fruits tout justes mûrs ou des bouches prêtes à recevoir des baisers. Madame Montsourd en coupa une bonne brassée, encaissa le payement de Sarah et lui rendit sa monnaie. Celle-ci la remercia et repartit, ses fleurs sous le bras. Elle retourna rapidement à l’hôtel. Elle trouva Roger qui lui dit : « Je dois m’absenter pour la journée. Pour ce qui est des fleurs, il y en a besoin pour les chambre quatre, sept, et huit. A tout à l’heure, Sarah ! ». Et il mit son blouson de jean, avant de sortir.

Sarah resta un petit moment derrière le comptoir, seule avec ses fleurs, comme interdite. Puis elle commença à faire un premier bouquet, puis un second, et un troisième, pour les différentes chambres. Elle prit le premier, ainsi que la clef, monta à l’étage, par ce vieil escalier de bois, qui respirait les siècles et la luxure, et prit à gauche. Une fois devant la chambre numéro quatre, elle frappa, par acquis de conscience, et, n’obtenant pas de réponse, déverrouilla, tourna la poignée, et entra. La pièce était vide, et propre, mais les pivoines avaient fané, comme les étreintes qui avaient eu lieu dans cette chambre la nuit dernière. Sarah posa les fleurs fraîches sur la table, prit le vase et alla vider l’eau dans la salle de bain. Elle mit les fleurs fraîches, remplit d’eau le vase et le posa sur la table.

Elle redescendit avec les fleurs fanées, et recommença pour chaque chambre. Quand elle eut finit, elle jeta un œil aux réservations téléphoniques : rien. La journée ne s’annonçait pas bien palpitante. Soudain, un homme entra. Sans qu’elle ne sache pourquoi et alors qu’elle était une vraie professionnelle, Sarah en ressentit un trouble, proche du malaise. Il était de taille moyenne, pas très beau. Il devait avoir environ quarante-cinq ans. Il arborait une moustache noire et broussailleuse au dessus de ses lèvres épaisses qui dissimulaient un sourire carnassier et presque méchant. Vêtu d’un costume élégant mais démodé, il portait un sac de cuir à la main. Tout en le dévisageant, Sarah se rendit compte avec horreur qu’elle avait envie de le baiser. Non : de le sucer. Chassant cette pensée aussi folle que déplacée, elle tâcha de sourire : « Bonjour monsieur, bienvenue à la Pivoine Blanche. Que puis-je pour votre service ? ». L’homme répondit, s’appuyant sur le comptoir : « Bonjour mademoiselle. Je voudrais une chambre. J’attends quelqu’un d’ici une heure et demi à deux heures ». Sarah se retourna, prit une clef, la machine à carte bancaire. Elle encaissa le paiement, et nota le nom de son premier client : Fébure.

Monsieur Fébure donc gagna par l’escalier sa chambre, la sept. Sarah se retrouva à nouveau seule, son envie vissée au ventre. Célibataire de longue date, ses amants de passage la laissaient souvent insatisfaite. Elle pensait à ce client pourtant si banal, si moyen, avec sa moustache et son costume démodé. Elle prit la décision de tenter quelque chose. Montant de son pas léger les marches de l’escalier, elle alla frapper à la porte numéro sept. La réponse ne se fit pas à attendre. Un « Oui » sonore et grave lui répondit. Sarah entra dans la chambre et referma derrière elle. « En attendant votre visite, je venais m’assurer que vous n’aviez besoin de rien, monsieur ». L’homme était assis sur le lit, en train de regarder son téléphone. Il le posa sur la table de chevet et lui répondit avec ce sourire carnassier « eh bien a piori non, mademoiselle ». Comme possédée, Sarah releva sa robe jusque sous ses aisselles, dévoilant la ravissante dentelle noire de sa culotte. Elle insista : « Vraiment ? ». Il se tut, perdit son sourire et se leva. Puis il la considéra des pieds à la tête, le regard fixé sur sa culotte. Sarah était paralysée par un mélange de peur, d’excitation et de dégoût. L’homme se mit à bander durement au travers de son pantalon, et Sarah en ressenti de la faim. Il le lut dans ses yeux, dans son souffle, et dans ses mains qui inconsciemment avaient glissé sur ses cuisses nues et sa culotte. Il se leva, et s’approcha d’elle et prit fermement ses fesses rondes. Sarah réprima un cri et posa sa main sur l’entrejambe de monsieur Fébure. C’était dur, gonflé. Cherchant à tâtons la braguette, elle délivra rapidement et un peu maladroitement de sa prison de tissu son membre. Il voulut glisser un doigt dans sa culotte ; elle refusa, lui prenant le poignet d’une main et son membre de l’autre. Elle défit sa ceinture, son bouton et put ainsi voir de ses yeux ce qu’elle espérait : il bandait comme jamais elle n’avait vu un homme bander pour elle. Sarah décalotta le gland, puis le recalotta, et recommença ainsi, lentement. Elle ne savait pas pourquoi elle le faisait, mais elle savait ce qu’elle faisait. Elle se mit à accélérer ses caresses sur monsieur Fébure qui la regardait d’un air un peu tendre, un peu excité, et un peu méprisant. Cet énorme sexe dans sa main, c’était si bon, si doux, si chaud. Puis elle sortit une langue gourmande qu’elle passa entre les plis et les replis des bourses. Son partenaire de mit à grogner de plaisir. Il lui caressait les cheveux, toujours en silence. Sarah elle, léchait avec avidité en branlant de sa petite main délicate. Bientôt, elle sentit une grande chaleur dans son bas ventre. Tandis qu’elle remontait sa petite langue le long du membre gonflé d’excitation de monsieur Fébure, elle entendit celui-ci gémir et soupirer de plaisir. Elle enroba le gland, et se mit à le suçoter comme un bonbon. A présent, c’était des râles de plaisir, et Sarah se décida à prendre ce sexe énorme dans sa bouche avide. Elle ne put en avaler qu’une moitié, mais elle était heureuse et excitée : bientôt, sa culotte fut trempée. Et tandis qu’elle s’accrochait aux hanches de l’homme pour mieux enfoncer ce membre dans sa bouche, elle enleva sa culotte de son autre main. Son entrejambe était trempée, ses poils dégoulinaient. Elle écarta les grandes lèvres et plongea deux doigts dans sa fente. Bientôt, ceux-ci entrèrent au même rythme que le membre dans sa bouche. A présent elle voulait plus. Elle voulait le boire. Elle se mit à accélérer ses mouvements de bouche, pressant de temps à autre les bourses de son amant d’une heure, tout en caressant son petit bouton de rose qui semblait vouloir sortir de sa fleur détrempée. Monsieur Fébure se raidit, se tendit et poussa un râle en jouissant. Ce jet de sperme âcre, épais, inonda la petite bouche de Sarah qui, de surprise et d’excitation, sentit comme une boule éclater dans son ventre. Elle avala le jus blanc de monsieur Fébure, et nettoya son sexe à présent encore un peu dur mais qui serait sûrement mou d’ici cinq minutes. Elle s’appliqua, passant entre les plis du méat, lui caressant doucement les couilles. Elle prit sa culotte, se leva, lui sourit,et s’en alla, le laissant un peu penaud.

****

Sarah était de retour derrière le comptoir, à la fois honteuse et excitée par ce qu’elle venait de vivre. Il va sans dire que si jamais son patron apprenait ce qu’il s’était passé dans la chambre sept, elle risquait de perdre son travail. De plus, si jamais quelqu’un s’était présenté ou avait appelé durant son absence, elle risquait là encore d’avoir des ennuis, d’autant qu’elle aurait été bien incapable de la justifier.

A l’heure prévue, une jeune femme d’une petite trentaine d’années entra dans l’hôtel. Vêtue d’un tailleur noir et d’un foulard, elle était très parfumée. Elle portait des talons immenses, ce qui accentuait sa taille naturellement grande; probablement un mètre quatre-vingt. Elle était blonde, avec des petites ridules aux yeux et aux commissures, ce qui rendait chacun de ses sourires absolument charmant… Tout comme sa poitrine généreuse, évidemment. Elle s’approcha du comptoir et demanda d’une voix douce : « Bonjour mademoiselle, la chambre de monsieur Fébure, je vous prie ». Sarah lui répondit que monsieur Fébure était dans la chambre sept, au premier étage à droite, et qu’il l’attendait.

La dame blonde disparut par l’escalier, et Sarah se retrouva de nouveau seule. A défaut d’utiliser ses compétences en hôtellerie, elle avait au moins pu utiliser d’autres compétences, se dit-elle avec un petit sourire pervers. Elle se demanda à quel genre de jeux érotiques le couple de la chambre sept se livrait en ce moment même. L’imagination érotique de Sarah se mit à nouveau en marche, et elle vit des choses étranges et interdites. Sa curiosité n’était pas assouvie. Elle quitta une fois encore son poste de travail. Après tout, quel employé d’hôtel n’a jamais écouté aux portes ? Elle monta le plus silencieusement possible les marches du vieil escalier et alla jusqu’à la porte numéro sept.Si les murs étaient relativement bien insonorisés, ce n’était pas le cas des vieilles portes. Elle tendit donc l’oreille, et écouta. Au début, elle entendit des chuchotements et des froissements, très faibles. Et puis, elle entendit le couple parler de façon indistincte, sans qu’elle puisse reconnaître les voix. Soudain, elle entendit de façon plus distincte mais toujours faiblement un soupir. Puis un gémissement. Et elle était presque sûre qu’il s’agissait d’une bouche de femme qui l’exhalait. Elle tendit encore davantage l’oreille. Le gémissement se fit plus ample, plus profond et plus grave. Ce qui intrigua alors Sarah, c’est que ce gémissement de plaisir était le seul son provenant de la chambre numéro sept. Et sans qu’elle sut pourquoi, la jeune fille commença à être excitée. Elle glissa une main sous sa robe, trouvant instinctivement sa fleur encore mouillée de rosée matinale, ayant laissé sa culotte dans son sac, au rez-de-chaussée. Le bout de son majeur se mit à effleurer, presque inconsciemment et indépendamment de sa volonté, ses lèvres, de haut en bas, puis de bas en haut, avec tendresse et amour. Puis, lentement, il remonta, et effleura son clitoris, qui se mit à gonfler. Sarah se mit à haleter, à contre temps de la jeune femme blonde de l’autre côté de la porte. Qu’est ce qu’il lui procurait de tels soupirs et de tels gémissements de plaisir ? Si seulement Sarah avait pu les voir, les apercevoir tous les deux, trois secondes, même une seule ! Elle ferma les yeux, et se concentra sur sa propre masturbation, imaginant un tourbillon de doigts et de mains autour et en elle, sur ses hanches, ses fesses, ses jambes, son cou, ses seins, son ventre, ses pieds, son sexe, son dos, ses reins, ses bras, sa bouche, énumérant en un inventaire à la Prévert sensuel. Dans sa transe masturbatoire, elle ne se rendit pas compte que ses soupirs étaient devenus gémissements, et qu’elle avait entré trois doigts tout au fond de son sexe béant et dégoulinant de mouille. Appuyée contre le mur, jambes écartées, elle luttait pour ne pas crier de plaisir. Elle n’eut pas la force ni l’envie de jouir. Au lieu de ça, elle cessa ses caresses, essuyant ses doigts sur sa robe. Elle se dit qu’elle devait puer littéralement et métaphoriquement le sexe. Elle se remit à écouter. Les soupirs et les gémissements avaient cessé. Soudain, la porte s’ouvrit, comme une cage à oiseaux. Sarah poussa un bref cri de stupeur en voyant le spectacle. Monsieur Fébure, torse nu et déchaussé, gisait en position fœtale, apparemment endormi, sur le tapis. Sa partenaire, quant à elle, lui faisait face, hiératique comme une déesse antique, totalement nue, son arrogante poitrine légèrement affaissée sur les côtés par le double prodige de la gravité et de son volume. Sa peau était laiteuse, et ses mamelons rosés. Sarah, qui en possédait bien moins alors qu’elle était déjà une femme accomplie et formée, en ressentit une pointe de jalousie qui la piqua aux joues et au cœur. Cette grande odalisque blonde était là, en train de fumer, un peu ivre de ce qu’elle venait de vivre; mais quoi donc ? Sa grande crinière lui faisait une couronne qui dégringolait sur ses épaules et ses bras en cascade d’or. Elle avait les hanches larges et un peu de ventre, et un peu moins de poils pubiens que Sarah. Et surtout, des yeux bruns, immenses et bruns. Tout cela, la jeune fille le contemplait depuis près de cinq secondes qui paraissaient une éternité que rompit l’autre en lui disant : « Monsieur Fébure m’avait dit que vous étiez audacieuse et curieuse, mais j’avoue être surprise ! » Et elle éclata d’un rire sonore. Sarah, comprenant l’incongruité et l’indiscrétion de sa présence, sentit le rouge lui monter jusqu’à la racine des cheveux. Elle chercha vainement à balbutier des excuses. Sa mystérieuse interlocutrice chuchota : « Ne vous inquiétez pas, monsieur Roger n’en saura rien. Je m’appelle Estelle, et je suis l’amante de monsieur Fébure. J’imagine que vous avez été informée du caractère un peu spécial de ce lieu ? ». Reprenant ses esprits, Sarah répondit : « Oui madame. Mais en aucune façon je n’avais l’intention de venir m’immiscer dans la vie privée de clients, c’est contraire à la morale et à la déontologie ». Estelle sourit. « Cependant, continua Sarah, j’aurais une petite question… D’où venaient les soupirs que j’ai eu la chance d’entendre et qui, je dois le dire, m’ont beaucoup excitée il y a quelques minutes ? ». Estelle rit à nouveau. Elle expliqua à voix basse, tirant sur sa cigarette : « Il faut comprendre que monsieur Fébure, sous ses apparences, est un véritable artiste quand il s’agit des jeux de langue et de doigt. C’est d’ailleurs la seule raison qui fait que je le garde comme amant, car pour ce qui est des autres jeux, il est médiocre, ou peu endurant. Voyez plutôt ! ». En effet, le pauvre monsieur Fébure dormait encore du sommeil du juste sur le tapis. Les deux femmes eurent un petit rire complice. Sarah se leva d’un bond, paniquée : « Je dois retourner travailler ! ». L’idée sembla faire de nouveau rire Estelle : « Oh oui, sinon vous allez vous faire punir par Roger ha ha ! ». Sarah était sur le point de sortir quand elle se retourna : « Le vieil homme aurait-il vice de ce goût à votre connaissance ? ». Ecrasant sa cigarette dans le cendrier art nouveau, Estelle souffla: « Avec les hommes, il ne faut jamais jurer de rien ».

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Sarah reçut un second couple aux alentours de vingt-deux heures, un homme et une prostituée. Lui ressemblait à l’archétype de l’employé de bureau, triste, gris, sans fantaisie. Il devait avoir une cinquantaine d’années. Il avait la mine si triste que ses vêtements en étaient imprégnés. Il portait une alliance. Sarah imaginait la tristesse des rares rapports qu’il devait avoir avec sa femme au bout de vingt cinq ans de mariage. Quant à la fille, elle était petite, les cheveux très noirs, sûrement bulgare ou turque, à en juger par ses yeux légèrement bridés et ses pommettes hautes. Juchée sur des talons aiguilles, elle portait un sac à main qui semblait minuscule mais qui, Sarah le savait, contenait toute la vie de cette jeune fille. Dans la tempête de la vie, ces deux êtres allaient chacun, à leur manière, s’accrocher au même canot de sauvetage qu’était le sexe. Sarah leur loua la chambre numéro neuf, et ils montèrent l’escalier, lui en faisant peu de bruit, car il était déjà presque un fantôme, et elle, en faisant claquer ses talons aiguilles. Quand ils eurent disparu, la jeune fille se sentit un peu mal à l’aise, nauséeuse, et triste. Elle sortir son smartphone de son sac et consulta ses applications et ses mails. En pleine journée, il ne s’y passait pas grand chose. Elle avait un message sur l’application de rencontre qu’elle utilisait. Le garçon avec lequel elle discutait depuis un peu moins d’une semaine lui avait envoyé un Gif un peu ringard accompagné d’une invitation à boire un verre, aujourd’hui ou le lendemain. Elle en avait très envie, et de bien davantage, mais elle avait envie de ne pas précipiter les choses, quelle que soit la suite des événements avec lui. Maxime, puisque tel était son nom, était tout à fait son genre : cultivé, musclé, le cheveu très noir coiffé en bataille, la barbe faussement négligée, des yeux bleus. Elle ne répondit pas immédiatement. Elle réfléchit, se mordit la lèvres inférieure et plissa les yeux. Une idée perverse lui avait traversé l’esprit. Elle attendit environ trois quart d’heures pour accepter sa demande… A ses conditions. C’était elle qui fixait les conditions du rendez-vous.

Roger rentra vers seize heures. Il s’enquit des arrivées et des départs, et fut fort satisfait de sa nouvelle employée. Puis il se dirigea vers les toilettes, situées dans le fond de la pièce où il avait signé le contrat avec Sarah. Sarah retourna sur son téléphone, et continua de discuter avec Maxime. Cependant, au bout de plus de dix minutes, elle réalisa que Roger n’était toujours pas revenu, et, inquiète à l’idée qu’il soit arrivé quelque chose au vieil homme, décida d’aller voir. Elle traversa la pièce, et constata que les bruits et les odeurs émanant des toilettes n’avaient aucun rapport avec l’activité prévue pour un tel lieux. La porte n’était pas fermée mais uniquement tirée, et un mince espace permettait, en y collant l’œil, de voir ce qu’il s’y passait. Poussée par sa curiosité maladive, Sarah s’approcha à pas de loups. Et ce qu’elle vit dépassa toutes ses espérances en même temps que ses craintes : pantalon et slip baissés, Roger tenait fermement son membre étonnamment et prodigieusement dressé pour un homme qui par ailleurs semblait si affaibli par le poids des ans. Il faisait aller sa main le long de cette verge dure et veineuse, plante de chair au bout turgescent et rouge, le dos courbé en arrière et la tête rejeté en arrière. Il poussait de très légers grognements en se masturbant. Sarah était hypnotisée. Elle n’avait jamais vu de vieillards nus, et encore moins se masturber, et elle demeurait là, bouche bée, interdite. Par conséquent, elle ne savait que penser de ce à quoi elle assistait, un peu comme une aventurière du XIX ème siècle perdue dans les forêts d’Afrique équatoriale. Non qu’elle fut à proprement parler dégoûtée par les rapides mouvements de la main de Roger sur son sexe dur, par ses caresses sur ses couilles pendantes, par la peau grise et pâle de son patron, mais elle ne pouvait concevoir d’excitation non plus. Tout juste était elle intriguée. Soudain, le regard de Roger fit volte face dans sa direction, et leurs regards se croisèrent. Sarah fit un bond en arrière. Roger, maugréant, remonta son pantalon tandis qu’elle prit la fuite jusqu’au comptoir, bientôt rattrapée, pauvrette ! « Eh bien, mademoiselle, on espionne son patron ? ». Elle demeura muette. Roger continua : « Venez avec moi ». Et il l’entraîna brutalement par le bras dans la pièce de derrière. Là, il la coucha brutalement sur la face contre la table, et, lui retroussant la robe, il lui asséna une violente fessée, sans qu’elle ait pu dire un mot. Elle poussa un cri de douleur et de protestation mêlées. Tout en la maintenant par la nuque contre la table, il recommença, lui ordonnant de compter à voix haute à chaque fois que sa main claquerait ses fesses de jeune fille. Et elle compta : « Un… Deux… Trois… Quatre… Cinq… Six… Sept… Huit… Neuf… Dix… ». Puis ce fut le tour de l’autre fesse. De honte, de douleur et de colère, Sarah pleurait. Et en même temps, elle sentit au creux de son bas ventre, de ses reins et de ses seins, une douce chaleur, mélange d’excitation et de plaisir : elle avait aimé ça. Roger lui retira sa culotte, et la portant à son nez un bref instant, il l’enfonça dans la bouche de Sarah qui ouvrit grand les yeux pour manifester silencieusement, de fait, sa protestation. Il lui administra une nouvelle série de fessées, faisant cette fois-ci rougir ses fesses. A chacune des claques, les mains burinées mais habiles de Roger dessinaient les traces de doigts en nuances de rose et de rouges sur la chair pâle et souple des fesses de Sarah, qui sentait monter en elle le plaisir et le désir d’être frappée de plus en plus fort. Elle écarta instinctivement et docilement les jambes, présentant son sexe trempée à Roger. Mais celui-ci n’en avait cure : tout juste passa-t-il le bout de son majeur le long des lèvres brûlantes de Sarah pour recueillir un peu de son eau de Vénus. Il s’en humecta la langue et la bouche et recommença à fesser son employée. Celle-ci, ivre de douleur et de plaisir, mordait sa culotte pour réprimer ses cris, tandis que la chair de ses fesses devenait peu à peu bleue au rythmes des coups de Roger. Elle aurait voulu jouir, mourir, faire parti de l’univers, tout cela à la fois, tant les fessées du vieil homme étaient délicieuses. Bientôt, les bleus sur ses fesses devinrent violacées, les vaisseaux sanguins éclatant en petites galaxies sombres et pourpres. Sous elle, la table était inondée de ses humeurs.

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Sarah se réveilla sur la banquette de la même pièce, sous une douce couverture, habillée. Du thé noir iranien parfumé au nabat l’attendait sur la table dans une théière qajar en porcelaine. Elle se sentait un peu groggy et avait surtout mal aux fesses. Mais peu lui importait : une sensation de bien être et de chaleur parcourait ses jambes, son ventre et jusqu’à sa poitrine. Sarah resta là un moment, se caressant un peu sous sa robe. Elle en voulait encore, elle voulait être violentée. Pensant à ce qu’elle venait de vivre, elle glissa deux doigts dans sa fente humide, écartant le coton de sa culotte. C’était chaud et tendre. Elle continua et accéléra même, enlevant sa culotte pour masser ses fesses endolories. La jeune fille pouvait sentir que sa peau de nacre n’était plus aussi parfaite que ce matin : elle devinait sous ses doigts les bleus, les traces de coups, les marques, toutes les stigmates laissées par les assauts de Roger. Son majeur effleura son clitoris qui se mit au bout de quelques secondes de caresses à gonfler, comme s’il se sentait prisonnier de cette fleur de chair. Proche de l’orgasme de nouveau, la tête pleine d’images et de désirs, Sarah se mordit la main pour ne pas faire de bruit quand elle jouit. Elle remit sagement sa culotte, et s’assit à la table. Elle but son thé à lentes gorgées. L’amertume du thé noir était contrebalancée par le goût sucré du nabat. Puis, elle regarda l’heure sur la vieille pendule : il était vingt et une heure trente passées. Elle se leva, et sortit rejoindre Roger qui était au comptoir. Il semblait ne se souvenir de rien. Sarah décida d’accepter ce « jeu » ou en tout cas cet accord tacite entre eux deux : ce qui s’est passé derrière le comptoir, reste derrière le comptoir. Elle prit son sac, salua Roger, et quitta l’hôtel pour prendre son métro, ses écouteurs sur les oreilles. Il lui revint soudain en mémoire qu’elle devait aller boire des bières sur les quais avec Justine. Elle se frappa le front du plat de la main. Justine était une fille adorable mais très susceptible : elle détestait qu’on annule un rendez-vous ou qu’on décale à la dernière minute. Sarah se dépêcha de lui envoyer un message pour la prévenir de son arrivée légèrement tardive. Avant d’entrer dans le métro, elle fit un détour par une supérette, acheta des bières à la cerise _ les préférées de Justine et elle-même, un souvenir de leurs premières soirées lycéennes _ et elle s’engouffra dans le métro.

Quand elle arriva sur les quais, elle chercha Justine sur les quais puis abandonna rapidement, se décidant à l’appeler. Si Sarah était élégante et discrète dans ses tenues, Justine pouvait être considérée comme sa jumelle maléfique : Sa gigantesque poitrine semblait vouloir sortir d’un t-shirt trop petit, avec une agressive sensualité. Son jean noir moulait ses hanches, comme un appel à tous les regards d’hommes et de femmes de tous les âges qu’elle avait croisés_ et ignorés _ ce soir là. Justine était en rondeurs et en douceurs, comme un tableau du XIX ème siècle, mais jetée dans la violence sale du XXI ème siècle, elle avait gardé la frange goth, les piercings, et elle n’avait jamais renié ses amours lycéennes pour Joy Division, Type O Negative et Death in June.

Les deux amies se sautèrent dans les bras. Sarah se sentie écrasée, étouffée, sous les énormes seins de Justine, qui, se passant de soutien-gorge, laissait poindre ses tétons et les piercings de ceux-ci. Puis elles gagnèrent un coin qui n’avait pas encore été envahi de touristes ni de parisiens, et se mirent à discuter, en enchaînant les bières de bon cœur. Justine voulait à tout prix lui raconter sa dernière aventure, et Sarah, en petite curieuse, serait ravi d’en entendre les moindres détails. Elle alluma une cigarette mentholée et commença son récit : ‘J’étais à la soirée d’anniversaire de Nathan, tu te souviens, le frère de mon ancien colloque ? Y’avait beaucoup de monde. La musique était vraiment nulle haha. Mais au moins, y’avait à boire, quoi. J’étais en train de boire une bière quand ce type s’est pointé. Et putain, il avait l’air aussi paumé que moi. Il était avec ses potes qui faisaient un jeu à boire un peu plus loin mais lui se faisait un peu chier, quoi. J’étais déjà bien tu vois, mais pas plus. Il était beau, mais sans plus, et surtout beaucoup de charisme, de la « tchatche », comme on dit. Machoire carrée, barbe de trois jours, un tatouage de grue japonaise à l’intérieur du bras; très joli au passage. On commence à discuter, le mec est en master d’histoire sur les Gaulois, il bosse sur un oppidum, bref, je suis fascinée, je l’écoute comme ça pendant une bonne demi heure. On discute et tout, on boit. La soirée avance et puis, décidément, il me plait et je sens que c’est réciproque. Je me doute bien que c’est mon physique, hein, mais pas seulement, parce que quand je lui parle de ma musique, il écoute ce que je dis. Bon lui, il est plutôt dans le death et le thrash. Du coup, je lui propose de passer à l’appart’ écouter ce que je fais, parce que là, lui faire écouter de la noise au casque, c’était clairement pas possible. Il accepte, on va prendre nos vestes dans la chambre et on se casse sans saluer personne, même pas ses potes ou quoi tu vois ? Donc on prend le métro, et là c’est drôle parce qu’on parlait presque plus. On se regardait juste, quoi. On se dévorait même haha. Bref, on arrive chez moi, on se pose, j’allume mon PC, mes enceintes, une clope, et je mets Lobotomy Zero, mon projet noise; je t’ai déjà fait écouter, je crois ». Il s’assied sur le canapé, il me regarde pendant que je vais à la fenêtre et là, putain, je sentais la brûlure de ses yeux sur mon cul et sur mes reins. Ca faisait presque mal tellement c’était bon. La musique et la clope nous enveloppent, c’était trop bien. Je viens vers lui, j’écrase la clope dans le cendar et je pense qu’on a pas eu besoin de parler, comme dans le métro, tu vois ? On a enlevé nos t-shirts, je me suis assise sur lui et il m’a enlacée, sa main sur ma nuque, fouillant dans mes cheveux, tandis que l’autre caressait mes seins et mes tétons. On a commencé à s’embrasser langoureusement, je sentais ses mains larges et pourtant, tellement douces partout sur moi, genre mes hanches, mes reins, mes bras. J’étais plus là. Et là, il s’est levé, en me soulevant; t’as vu le poids que je fais ?! Et puis il m’a couchée sur le canapé. Il a retiré mon jean, ma culotte, d’un seul mouvement. Il continuait de m’embrasser, me caresser. Ensuite, il a passé sa langue autour de mes tétons, tendrement, en glissant sa main entre mes jambes; j’étais déjà trempée. Il me regardait droit dans les yeux, avec tendresse, quand il a commencé à descendre, et à prendre mes tétons entre ses doigts, à jouer avec, à tordre les piercings. Ca faisait mal mais… C’était si bon ! Et puis il a embrassé mon ventre, mes hanches, mes cuisses. J’avais envie qu’il me bouffe la chatte, mais ce con prenait son temps ! Au bout de cinq putain de minutes, il a commencé à me lécher, passant sa langue sur mes lèvres trempées et ouvertes. Il avait rien à faire, pratiquement, il entrait en moi comme dans du beurre. C’était si bon que j’ai du mordre un des coussins de l’oreiller. Je sentais sa langue, ses doigts en moi, qui allaient et venaient en moi, de haut en bas, et puis tout au fond de moi, son majeur, immense et agile. J’en pouvais plus j’ai du le tirer par les cheveux pour le décoller de ma chatte. Il fallait qu’il me prenne; je crois qu’il a compris avant que je ne lui dise. Il a commencé à chercher à quatre pattes dans son caleçon, pendant au moins une minute, et en a sorti une capote; c’était trop drôle, on aurait dit qu’il avait trouvé l’anneau unique. Puis il a enlevé son caleçon et putain… J’ai eu presque peur. Il avait pas une grande bite, tu vois, mais elle était épaisse, large, gorgée de sang. Je me suis approchée de lui, et j’ai commencé à le caresser. Il était aussi excité que moi. Je le voyais dans son regard, dans la sueur qui perlait sur son torse, dans cette érection monstrueuse, et je pouvais même pratiquement entendre les battements de son cœur. Je me sentais comme une petite fille avec cette queue, tu vois ? Eh bah pourtant, je l’ai pris lentement, tendrement en bouche, en le fixant dans les yeux, avec application et douceur. J’ai aussi caressé ses couilles, à petites pressions régulières; tu sais, ce petit truc que tu m’as appris, petite perverse ? Et puis, sans que je puisse faire quoique ce soit, il s’est retiré de ma bouche et il m’a prise dans ses bras et m’a emmenée dans ma chambre. Je m’attendais à ce qu’il me prenne en levrette comme un mec « basique », mais non : il m’a couché sur le côté, et après avoir mis la capote, il est venu se coller derrière moi, en cuillères. Je sentais son souffle et ses baisers sur ma nuque, mes épaules, mes bras. Il a soulevé ma jambe et m’a pénétré, lentement, amplement, en me tenant par la taille, son autre main sous mon corps pour caresser mes seins. C’était à la fois tendre et un peu violent, surtout le moment où la main qui était sur mes seins est remontée pour m’étrangler. Je me demande s’il savait que ça m’excite à mort ! Ca a duré au moins trois heures comme ça. » Pendant tout son récit, Justine n’avait cessé de fumer, tandis que Sarah l’écoutait, si l’on peut dire, religieusement. Elle demanda : « Et vous allez vous revoir ? ». Justine eut un petit sourire qu’elle voulut cynique : « Je sais pas. On a échangé nos numéros, on verra bien. Moi j’aimerais bien, mais je sais pas encore ce que je veux, à mon âge ». Finissant sa deuxième bière, Sarah acquiesça : « Je comprends bien ». Puis elle éclata de rire : « Au fait, il a un nez, Sexe Machine ? ». Justine rit à son tour : « Oui, bien sûr, il s’appelle Alexandre ». Il y eut entre les deux un petit silence complice et entendu. Sarah était contente pour son amie, d’autant que la profusion de détails salaces l’avait considérablement excitée. A présent, elle hésitait néanmoins à partager avec elle ses récentes expériences, la Pivoine Blanche, le voyeurisme, les fessées. Elle prit une cigarette à Justine, l’alluma et tira une longue bouffée avant de lâcher : « Faut que je te raconte. J’ai commencé un nouveau taff dans un hôtel un peu space ». Son amie fut tout de suite intriguée, et s’alluma elle aussi une autre cigarette. Sarah continua : « C’est un genre de vieil hôtel du XIX ème siècle, le proprio est un vieux trop bizarre. Un hôtel pour couples adultères, pour les mecs qui viennent avec une pute, ce genre de délires. Eh bah je peux te dire que j’ai déjà vu de ces trucs, en une journée ha ha ». Avec un air de curiosité malsaine, Justine lui demanda : « Par exemple ? ». Sarah répondit, presque en chuchotant : « J’ai surpris mon patron en train de se branler dans les chiottes. Et pour me punir… Il m’a fessée. » Justine ne paraissait même pas choquée, mais intriguée : « Et alors..? ». Sarah rougit, en soufflant : « Et… J’ai aimé ça. Une fois revenue à moi, il a même fallu que je me doigte tellement j’étais excitée, tellement j’avais envie d’être fessée. J’ai jamais ressenti un truc pareil. C’est différent de la pénétration, bien sûr, c’est pas meilleur, mais c’est incroyable. » Justine lui sourit et écrasa sa cigarette. Sarah continua : « Et… J’ai aussi sucé un client dans sa chambre. C’était génial. En plus, c’était un vieux ! ». Justine se remit à rire, et elle ouvrit une autre bière. Sarah regarda l’heure sur son téléphone : il était déjà près de minuit, et elle devait se dépêcher de prendre son RER pour avoir un peu de sommeil. Elle prit son amie dans ses bras, et gagna la station Saint-Michel.

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Le lendemain était le jour de son rendez-vous avec Maxime. Sarah savait que aujourd’hui encore, Roger devait s’absenter dans l’après-midi pour environ trois heures. Elle avait donc donné rendez-vous à Maxime à la Pivoine Blanche, sans donner d’heure précise. Elle voulait qu’il soit prêt à rappliquer comme un chien de chasse. Elle l’imaginait, suant et délirant de fièvre dans son lit, la verge tendue dans son caleçon. Mais pour l’heure, elle n’était pas seule. Roger, quoique sympathique mais pervers, était présent, ce qui limitait le champ des possibles. Et puis, elle avait du travail. Elle retourna comme la veille au marché, voir madame Montsourd, acheter des pivoines blanches. Comme la dernière fois, elle dut les répartir dans les différentes chambres, en bouquets frais et élégants. Elle était dans la chambre numéro cinq, seule, quand elle entendit la porte s’ouvrir. Pour une raison qu’elle ne s’explique pas, elle courut au placard et s’y cacha. Un couple entra. Les idées se bousculèrent dans sa tête : pourquoi avait-elle fait un geste aussi idiot ? Pourquoi Roger avait-il donné cette chambre alors qu’il savait qu’elle s’y trouvait en ce moment même ?

Les portes du placard fermait mal, et elle était à l’étroit dans cette prison de vieux chêne. Elle put ainsi bien voir un homme, blond d’une bonne trentaine d’années, avec un blouson de type aviateur, et un jean. Il avait un nez aquilin et les yeux bleus, une moustache et une chevalière en argent. La femme qui l’accompagnait était une fille de l’âge de Sarah, au physique assez banal, mais avec un regard gris acier perçant, ainsi qu’une bouche charnue. Ses cheveux noirs descendaient le long de ses épaules, sur son blouson de mi saison, sûrement acheté en friperie. Elle jeta ses baskets à la volée et s’assit sur le lit, avec un petit rire. L’homme enleva son blouson, le posa sur le dos d’un des fauteuils, et ôta ses chaussures, sans cesser de la dévorer des yeux, tandis qu’elle ôtait son t-shirt à l’effigie d’un groupe d’electro toulousain. Puis elle ôta son jean, et s’approcha de lui, l’enlaçant tendrement, caressant sa nuque, et son torse, effleurant du bout du doigt l’immense Piéta tatouée qu’il portait; on eût dit qu’elle s’attendait à ce que la Sainte Vierge sortisse de la peau. Elle baisa ce torse glabre, une première, une deuxième, une troisième fois, puis ce fut une avalanche de baisers tendres, tandis qu’il enfouissait son nez et sa bouche dans la crinière noire de ses cheveux. Il descendit une main dans son dos, délicatement, et d’un geste, défit son soutien-gorge. Les bretelles tombèrent, mais elle refusa de laisser choir le reste, dans un geste de fausse pudeur un peu effrontée. Gardant ses deux mains sur ses seins minuscules, elle recula d’un ou deux pas, le fixant d’un air crâne et amusé. Et lui, lui rendant ses sourires, feignait de bouder. Il approcha une main de ses seins, et la ramena à lui de l’autre. Il l’embrassa langoureusement, et comme elle lui rendait son baiser, elle l’enlaça, faisant tomber au sol son soutien-gorge. Ses tétons roses et pointus frottaient contre son torse. Elle se colla à lui comme un petit animal, montant un genou contre son entrejambe. Et lui, sentant son membre durcir et grossir, il empoigna les minuscules pêches de ses fesses, les caressant, les palpant, les pressant. Elle se mit à soupirer, puis à l’embrasser dans le cou, griffant sa nuque et son dos. Il poussa un grognement. Il la souleva pour l’emmener sur le lit, et Sarah ouvrit légèrement le placard, pour mieux observer. L’homme retira lentement la culotte de sa partenaire, et la porta à son nez comme s’il venait de cueillir une fleur des champs. Sarah ne pouvait les voir que de dos, et essentiellement l’homme. Elle était folle d’excitation, et mourrait d’envie de se caresser. Les deux amants s’enlacèrent, s’embrassèrent, sans presque échanger un mot. Il y eut des petits rires, et puis l’homme se déshabilla, avant de se relever. Elle s’assit, et lui caressa les fesses, les hanches. Sans le voir, Sarah imaginait son membre dur, gonflé, et d’une taille prodigieuse. Elle n’y tenait plus : elle glissait la main sous sa robe, écarta sa culotte et commença à caresser se doucement, en tâchant de contrôler sa respiration. Pendant ce temps, elle pouvait voir la tête et tout le corps de la jeune fille faire des vas et viens sur son amant, et le bruit si caractéristique. Elle ne pouvait le voir, mais elle savait qu’elle était en train d’avaler son amant avec tendresse, gourmandise et dévotion, tandis qu’il caressait ses bras, ses épaules et ses cheveux. Puis il n’en put plus supporter : il voulut la prendre : la saisissant par la taille, il la mit à quatre pattes, il la pénétra violemment, d’un seul coup de butoir qui la déchira puissamment. Elle poussa un grand cri de plaisir et de douleur, qui fit un peu peur à Sarah. De son point de vue, elle voyait les vas et viens des fesses, du corps tout entier de l’homme aller et venir en elle, tandis qu’elle criait et gémissait, s’accrochant aux draps du lit encore fait il y a quelques minutes. Il posa sa main sur son dos, ou sa nuque _ Sarah n’aurait su le dire _ et il accéléra ses vas et viens en elle. Il se mit à pousser des grognements primitifs et violents. Il se retira de façon aussi soudaine qu’il était entré. Cependant, elle en voulait encore, réclamant son corps et sa queue en elle. Alors il la prit dans ses bras, et la soulevant, il plaqua contre le mur. Et tandis qu’elle l’enlaçait d’une jambe, comme une liane vénéneuse, il glissa son membre dur dans sa fleur ouverte à toutes les béatitudes et à tous les plaisirs. Ses mouvements de bassin se firent plus lents, plus amples et plus techniques, tandis qu’elle griffait toujours son dos et son torse, le couvrant de baisers amoureux. Elle semblait être aussi légère que l’air, car la porter ne lui procurait aucune difficulté. Ils revinrent sur le lit, et, l’un sur l’autre, ils continuèrent leur étreinte bestiale. Elle poussait des cris aussi bestiaux que lui, quand soudain, s’accrochant à sa taille menue, il poussa un long râle d’extase. Pendant ce temps, Sarah, ses deux doigts toujours plantés dans sa fleur, n’était plus très loin non plus de jouir. Elle sentait son eau de Vénus dégouliner le long de ses jambes à présent devenues cotonneuses. Elle accéléra le mouvement de ses doigts en elle. Sur le lit, la jeune fille léchait délicatement le membre à demi mou de son amant, tendrement. Elle passait sa langue dans tous les plis des couilles, avalait la moindre goutte de semence restante, une main entre les jambes. Lui, comme ivre, comme mort, la regardait en souriant niaisement. Sarah ne savait pas comment faire pour sortir de son embarras, sinon attendre le sommeil, qu’elle espérait proche, de ces deux là. Elle fut rapidement exaucée : moins de cinq minutes plus tard, les deux dormaient, enlacés tendrement. Elle sortit alors discrètement du placard puis de la chambre et regagna le rez-de-chaussée sans demander son reste. Elle demanda à Roger d’où lui était venue l’idée d’une manipulation aussi diabolique. Il répondit calmement, avec un sourire aimable : « Je voulais vous faire faire votre baptême du feu, compléter et finir votre initiation après ce que nous avions vécu hier, ma chère. Rien de plus. J’espère que vous avez apprécié le spectacle ? ». Sarah se sentit rougir. Roger le remarqua mais continua : « Je serai absent cet après-midi. J’ai un rendez vous à la banque, et divers rendez vous médicaux, un peu partout à Paris ».

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A treize heures trente, Roger partit de la Pivoine Blanche. Immédiatement, Sarah envoya un message à Maxime : il avait une demi heure pour venir. Vingt minutes plus tard, il était là. Il portait un polo, un jean et des baskets. Sarah l’entraîna derrière le comptoir, et lui servit du thé. Il paraissait moins à l’aise et plus petit que sur les photos. Mais elle s’en moquait. Ils burent le breuvage amer et chaud en parlant de choses pas très intéressantes. Maxime était graphiste dans une maison d’éditions. Ils échangèrent sur leurs goûts musicaux (c’est notamment ce qui avait charmé Sarah) et très vite, la conversation dérapa autour de leurs affinités sexuelles, compte tenu du lieu. Il y eut un silence, un flottement; non pas gêné mais comme un moment de grâce. Et puis, fermant les yeux, Maxime prit le visage de Sarah entre ses mains et l’embrassa. Elle se laissa faire; mieux : elle se donna à lui, lui offrit sa bouche et sa langue. Il se leva, vint derrière elle et voulut la caresser, l’enlacer. Elle l’arrêta fermement : « Non. Pas ici. Pas maintenant ». Elle se leva et sans un mot, elle monta au premier étage. Maxime restait interdit, mais la suivit, les yeux rivés sur ses mollets pâles et sur ses petits pieds chaussés de talons noirs. Ils arrivèrent devant la chambre numéro neuf. Sarah déverrouilla la serrure, pesant ses gestes qu’elle semblait vouloir théâtraux. Elle poussa ensuite la porte et invita Maxime à pénétrer le premier. Elle entra à sa suite, fermant la porte puis la serrure. Elle débarrassa de ses talons, en silence, et défit ses cheveux. Elle était pieds nus sur la moquette vieillotte. Maxime la regarda, parcourut de frissons de désirs animaux. Il s’approcha d’elle, l’enlaça, et baisant son cou, il passa une main dans son dos, cherchant la fermeture éclair qu’il avait repérée en montant dans l’escalier. Il la descendit doucement, jusqu’aux fesses de Sarah. Elle soupira, comme libérée de cette prison de tissu. Elle lui caressait la nuque, lui baisant le front. Maxime, lui, descendit ses lèvres, embrassant le visage de Sarah, puis sa gorge, le haut de sa poitrine, avant de prendre à pleines mains ses seins. Il les considéra du regard, avide et tendre à la fois, comme si c’était la première fois qu’il voyait des seins de femme. A présent, il était à genoux, baisant le ventre de Sarah, ses mains caressant les reins et le dos de la jeune fille, ses doigts s’enfonçant dans la chair tendre et pâle. Il humait les odeurs à travers la culotte. Mais il ne s’y attarda pas : il recula un peu, et continua de baiser la jambe de son amante, il descendit, couvrant de tendresse la cuisse, le mollet, avant d’arriver au pied. Sarah poussa un petit cri de surprise qu’elle étouffa quand Maxime se mit à la masser et à embrasser son pied, avec un mélange de dévotion et de sensualité qu’elle n’avait jamais connu auparavant. A présent, c’était sa langue qui s’insinuait entre les orteils, sous la pulpe, et dans chaque partie du pied. Sarah en ressentait un trouble sensuel profond. Maxime recommença un petit moment puis changea de jambe. Il embrassa Sarah depuis le creux de l’aine, descendit lentement le long de sa cuisse laiteuse, puis parcourut le mollet, avant de gagner son pied. Là encore, les mêmes frissons parcoururent son pied, sa jambe, avant de gagner son ventre. Puis, Maxime se saisit de l’élastique de la culotte de son amante, aux hanches, et le fit glisser en douceur. Il resta à contempler la fleur déjà un peu humide et exhalante de Sarah, avant d’embrasser son mont de Vénus. Puis il descendit ses baisers, et se fraya un chemin du bout de la langue. Il parcourut les lèvres délicates de Sarah, qui se mit à gémir, dans cette position inhabituelle. Sa langue la caressa avec tendresse et agilité, de haut en bas, avec de plus en plus d’ardeur, appuyant à chaque fois au bon moment et au bon endroit pour arracher à Sarah gémissements et soupirs. Bientôt, il ajouta un puis deux doigts, ce qui accentua l’amplitude des gémissements et des cris de Sarah. Celle-ci n’en pouvait plus : elle le voulait, en elle, sur elle, pour elle, sous elle. Elle repoussa ses mâles caresses presque avec violence, ce qui le fit chanceler. Elle le poussa au sol, et, allongé sur le sol, il demeura à la merci de ses assauts. Tandis qu’il ôtait son polo, Sarah se jetait avec fureur sur son pantalon et son caleçon d’un même mouvement. A la tendresse qu’il lui avait témoignée, elle opposait une ardeur et une fureur toutes félines. Juchée à califourchon sur ses jambes, elle tenait enfin son membre dur et gonflé d’excitation. C’était son prisonnier, comme elle était prisonnière de son désir pour lui. Elle le regarda dans les yeux, et parcourut le gland rouge vif, luisant, de sa langue. Elle parcourut ensuite lentement le membre de Maxime, en caressant ses bourses. Elle prit alors ce membre énorme, veineux, à pleine main, et entreprit de le branler, tandis que sa bouche gourmande allait lécher plus bas. Son amant alternait entre râles et gémissements, une main griffant la moquette, et l’autre caressant les cheveux de Sarah. Celle-ci reprit ses vas et viens avec sa bouche. Maxime en était tout simplement ivre. Son amante était en train de l’avaler, de le consumer avec sa bouche et sa langue. Il était proche de quelque chose de sublime lorsque Sarah décida d’arrêter. Il voulut protester, mais elle le regarda avec un air malicieux. Elle rampa jusqu’à son sac et en sortit un préservatif qu’elle lui tendit. Il déchira l’emballage et l’enfila délicatement, sans perdre une miette du spectacle du corps de Sarah et de sa peau perlant de sueur. Puis il la prit dans ses bras et la jeta sur le lit, tel un cosaque avec sa jeune mariée. Elle lui présentait ses fesses avec une arrogance qu’elle accentua en lui jetant par dessus ses frêles épaules un regard coquin. Maxime n’y tint plus : il ouvrit les cuisses et les fesses de Sarah, et entra en elle, poussa un râle. Elle gémit, soupira, sous la poussée de ce membre dur. Et elle poussa un cri de plaisir quand il lui asséna une claque sur violente claque sur la fesse droite, accompagnant sa poussée. Il accentua ses mouvements, allant de plus en plus loin en elle, tandis qu’elle s’accrochait aux draps avec les mains et les dents, réprimant des cris de plaisir. Et toujours Maxime allait en elle, avec violence et tendresse, poussant ses hanches et son membre. Il accéléra les fessées, et Sarah défaillait : la combinaison des deux la rendait littéralement folle de plaisir et de désir pour cet homme. Elle était entraînée dans un tourbillon dont elle n’aurait jamais voulu sortir. Et pourtant, le plaisir grandissait comme une gigantesque bulle de savon à l’intérieur de son bas ventre, gagnant peu à peu l’intégralité de son corps, jusqu’à sa nuque, ses jambes, ses pieds, ses doigts. Elle le supplia d’accélérer dans un rauque à peine articulé. Il obéit avec une joie docile, avec ses ultimes forces. Il rugit presque quand il jouit, bientôt suivi par Sarah qui mordit avec une force et une rages incontrôlées les draps. Maxime se retira, se débarrassa du préservatif et prit enlaça Sarah étroitement. Elle dormait. Peu leur importait. Il n’était pas tard.

Histoire du maître serrurier Biscornet, de son pacte avec le Diable, et de ses conséquences

Je suis le dernier goliard qui chante ici

La sombre et merveilleuse histoire des ferrures

De la belle Notre-Dame de Paris,

Ses gonds et ses bizarres serrureries.

*

Il y avait un homme pendant la construction

Un fameux artisan nommé Biscornet,

Maître-artisan, versé dans l’initiation,

Des sciences des châteaux et des portes ornées.

*

Il advint que l’évêque eut vent du grand talent

De notre artisan, et voulut qu’il se chargeât

Des grandes portes du futur bâtiment;

Avecque zèle notre homme si attela.

*

Il dessina pendant des semaines et des mois,

Des arabesques et des formes exquises sur ses plans,

De quoi recouvrir dignement le bois,

Et rendre hommage à la Mère du Dieu Vivant.

*

Hélas, une fois devant tous ses instruments,

Il du faire face à l’évidence : Là où son âme

Etait féconde, ses mains étaient dénuement

Et stérilité : il en fut percé de lames.

*

Dans son désespoir et sa colère, il hurla,

Appelant le maître des passions secrètes,

Satan, qui apparut drapé de grenat

Et plein d’un soufre qui empesta la chambrette.

*

Le Malin proposa à Biscornet de se faire

Forgeron_ car il connaît les coeurs des hommes,

Contre la vie de l’artisan en enfer

Un échange, se dit-il, bien modique en somme!

*

Cette nuit était sans lune, et les chouettes, les loups,

Toutes les créatures du Sabbat du Diable,

Chantèrent bien fort, pendant que bois, vis, clous,

Etaient assemblés dans un fracas effroyable.

*

Au matin, les plus belles portes d’occident

Reposaient contre l’atelier, gigantesques,

Chef d’œuvres sans pareils et sans prétendants,

Aux mystérieux et grotesques arabesques.

*

Quand on acheva enfin la cathédrale

La nouvelle se répandit dans tout le royaume

Du bon Louis, et l’on voulut, c’est normal,

Ouvrir ce sanctuaire du fils de l’Homme.

*

La foule parisienne était massée,

Ayant parfois fait le voyage depuis loin,

Immense, hommes, femmes, vieillards, enfants et bêtes mêlés

Attendait la bénédiction, rien de moins.

*

Hélas les portes restèrent muettes,

Et elles refusèrent de s’ouvrir;

L’angoisse commençait à gagner la fête :

Une force résistait, avec des rires.

*

« C’est le Diable ! » lança une voix dans la masse

Bientôt reprise comme en chœur, apeuré :

Le Diable avait joué un affreux tour de passe-passe,

En scellant les portes qu’il avait forgées.

*

L’évêque ne perdit ni foi ni courage :

Par le signe de la croix et l’eau bénite,

Il fit voler en éclats de magie et de rage

La malédiction du Démon qui prit la fuite.

*

Quant à Biscornet, le Malin clama

La possession de son âme misérable

A l’instant même où celui-ci décéda;

On peut vaincre mais on ne peut pas tromper le Diable.

 

 

 

Notre Dame des Larmes

J’avais déjà offert au monde sept douleurs,

De la prophétie de Syméon au tombeau de mon fils;

Une vie de belles et joyeuses langueurs,

Vouée totalement à mon sacrifice.

*

J’ai fui l’ire d’Hérode au pays Égypte,

Et souffert Sa disparition pendant trois jours

Avant la mise de Son corps à la crypte,

Je L’ai vu sur le chemin de la Croix, souffle court.

*

Les larmes aux yeux, je L’ai vu agoniser

Longuement sur la Croix, saigner, mourir,

Enfin ! Et puis, Le voir être décroché,

Le prendre contre mon sein, sans même un soupir.

*

J’ai du aussi supporter Son inhumation,

Son corps blême mis dans un triste tombeau

Fermé par une roche _ O aveugle Sion,

Qu’as-tu fait de tes prophètes et de leurs flambeaux ?

*

J’ai donné ma huitième douleur quand les flammes

M’ont emporté la cathédrale de Paris;

Mais j’ai entendu au travers des fumées vos âmes

Et j’ai pleuré sur les pierres endolories.

*

Au milieu des débris, la Croix se dressait

Invaincue, face au mensonge, et face aux flammes,

Symbole de foi, de courage français,

Qui demeure dans les pierres de Notre-Dame.