Jardin

Des pivoines de tes joues

Aux roses de tes lèvres

Des tulipes de ta gorge

Aux lys de tes pieds

Des violettes de ton cœur

Aux coquelicots de tes reins

Tu es le jardin des martyrs

Des poètes, des satyres.

*

Bruissant d’insectes colorés

Et du vent printanier.

*

Tu es l’anastase, fleurissant

En bouquets couleur de sang.

Extinction

« Qu’il me donne les baisers de sa bouche : meilleures que le vin sont tes amours !

Délice, l’odeur de tes parfums ; ton nom, un parfum qui s’épanche : ainsi t’aiment les jeunes filles ! » Cantique des Cantiques

Mon cœur est un tombeau de marbre blanc

Sur lequel s’ébattent, s’enlacent deux amants

*

Le Divin et l’Eros sous le vesper

Midi de l’Homme qui en silence espère.

*

Il bat d’une sourde et chaude pulsation

Sommets du Paradis jusqu’aux Tréfonds,

*

Prisonnier du feu du désir, sanglant

Par les fissures et les trous béants,

*

Et cette rouge offrande aux déesses païennes

Qui dorment dans les terres anciennes,

*

Nourrit l’arbre immense de son désir

Que je peux embrasser et saisir.

*

Toute la Création me parle en Elle

A la façon de l’Ange Gabriel.

Poème antique

Deux doigts, plonger dans les yeux

Du noir corbeau : suspension

De mon vit, frondaison

Sous ton baiser soyeux.

*

Tes reins sont un troupeau de chevaux

Sauvages qui défilent sous mes mains,

Nuages sous les Dieux anvots

Et jaloux de nos baisers mutins.

*

Le Grand Cyrus sur tes seins

A épinglé deux grenades,

Rouges et mûres, souvenir coquin

Des Immortels sous les colonnades.

*

Et au fond de ton Paradis

Velu vit tel un dévot, fou,

La langue punie par les kadis

D’un poète aux yeux de hibou.

Cette longue nuit

Elle pleure, cette longue nuit de feu

Qui brûle les roses et les jasmins,

Qui enflamme les cœurs et les jardins,

Les tombes des poètes et des Anciens Dieux.

*

Elle pleure, cette longue de nuit de deuil

Qui avale des filles et des fils sous la terre,

Qui gémit et pointe ses doigts accusataires

Vers les minarets dressés avec orgueil.

*

Elle pleure, cette longue de nuit de soleil

Qui éclate sur le drapeau sanglant,

Qui hurle contre fusils et fouets cinglants,

Qui font couler un sang vert et vermeil.

Vie

Sur ses lèvres sèches Dieu a posé un doigt

Et des monts Zagros il nous coule des torrents

De larmes salées, brûlant désespoir

Sur les épaules d’un poète implorant.

*

De toutes parts, c’est le sang et les larmes, le drapeau

Et la banderole, le cri qui tel un cœur

Battant et mugissant, cogne contre son tombeau

Pour hurler sa colère et sa rancœur.

*

Et partout Atropos a distribué

Des lames : au rythme froid et lancinant

Des ciseaux les boucles brunes sont tombées,

Vieilles et jeunes, en ballet fascinant.

A Zhina Amini