Entre deux II

Sur les dômes de ses seins dressés la foudre

Et l’écume de mes baisers fleuris,

Parfums de rose, de glycine et de poudre,

Elle est l’éternelle ville qui m’a conquis.

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Par Sa porte des flots de tambours, de drapeaux,

Et de soldats bigarrés et épuisés

Ont pris cette Cité, et sur sa peau

Dessinant de pourpres et vermeils assauts.

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Par mes yeux, par ma langue, j’ai bu ses trésors,

Les perles d’obsidienne de ses yeux,

Le diamant de son âme, et venu du Bosphore,

L’or de ses lèvres au doux parfum d’adieux.

Lys vert

La guzla pousse son long gémissement

A la manière de la verte Drina

Il coule, interminable éblouissement

Et tout là bas, sous le pont des rois

Des enfants prennent dans leur filets

De tout petits poissons, pareils aux rêves

Vifs et irisés, et leurs yeux encor fermés

Sur leurs Dieux qui déjà croisent le glaive

C’est un lys dans le noir vent de la poudre

Et des flammes ;trois longs printemps plus durs encore

Que l’hiver, plus froids que l’hiver, terrible foudre

D’un Dieu païen et aveugle, affamé de sang et de corps

Et n’aime rien tant que faire pleurer les vieux

Silencier les femmes; et dans le cortège des morts

Tous gémissent un nom ancien, poussiéreux :

S A R A J E V O